dimanche 31 août 2008

Athènes et Sparte, les frères ennemis

Je suis en train de lire un ouvrage très intéressant sur la Guerre du Péloponnèse, écrit par Victor Davis Hanson, un historien réputé, spécialiste de la guerre à l'époque grecque, à la réputation sulphureuse. Accusé par beaucoup d'être un infâme réactionnaire, il livre quoi qu'il en soit une vision très pragmatique de ce conflit qui s'est livré de 431 à 404 avant JC. Son approche est plutôt thématique, ce qui évite l'écueil souvent rencontré de se perdre dans un récit touffu dans lequel les dates s'embrouillent.

Mais ce qui fascine dans ce récit, c'est l'aspect très moderne de cette guerre, et les enseignements dont on peut en tirer. D'un côté, Athènes, une superpuissance maritime et économique, dont le modèle culturel démocratique attire, écrase et finalement provoque la haine de ses voisins (ça ne vous rappelle rien ?). De l'autre, Sparte, dont la société rigide et oligarchique est à l'opposé de celle de sa brillante voisine. Une guerre complètement assymétrique se déroule alors, marqué par l'incapacité de chacun des camps à vaincre son adversaire. La flotte athénienne et l'armée terrestre spartiate se neutralisent, sans pouvoir s'affronter.


Ce qui est aussi instructif est que la frustration qu'a engendré cette situation a conduit les deux camps à mener une guerre terrible contre les civils adverses et les prisonniers, faite de massacres, de coups de main et de villes rasées.

C'est le modèle occidental de la guerre qui se retourne contre ses créateurs et la Guerre du Péloponnèse est en cela annonciatrice des grandes guerres mondiales.

Un ouvrage donc que je vous recommande, ainsi que son excellent "Le modèle Occidental de la Guerre", un ouvrage fondateur.
Cela m'a aussi incité à ressortir le wargames consacré à ce conflit, publié par Clash Of Arms, Epic of the Peloponnesian War.

2 commentaires:

Sherimander a dit…

Si je puis me permettre une remarque…
Ce n'est pas la guerre qui change, mais les outils. Il n'y a pas trente six mille façon de se mettre sur la tronche, de construire des plans de bataille, de chercher à dominer, mater, contrôler ou supprimer un adversaire.
L'introduction de nouvelles armes change la manière de combattre, soit parce que quelqu'un à l'idée de s'en servir différemment (le IIIe Reich et les blindées), soit parce que quand elles arrivent sur le champ de bataille, vous mieux s'y adapter vite pour éviter une bonne branlée (les chevaliers français face au longbow anglais dans la guerre de Cent ans).
Si l'on regarde la première guerre mondiale, on voit comment l'arrivée des armes industrielles (mitrailleuses, obusiers, avions, gaz) dans un schéma de combat fait pour les armes du XIXe provoque des massacres abominables : pour le seul 1er juillet 1915, près de 60 000 britanniques sont tués et blessé (premier jour, 15 % des pertes de la bataille de la Somme).
Aujourd'hui, on en est aux armes presse-bouton qui permettent de raser une ville, ou au moins un quartier. Quelle différence avec la guerre ancienne ? Autrefois, pour raser une ville, il fallait se retrousser les manches pour tuer tout le monde et abattre les murs ; maintenant, un petit bip à distance, et hop.
Comme quoi la technologie nous a rendu vraiment paresseux, sales et bruyants.

Julien a dit…

C'est vrai, les outils changent, mais la psychologie humaine beaucoup moins...