dimanche 16 décembre 2007

Le triomphe du Chaos !

Il ne s'agit pas du dernier opus de Games Workshop, sur le triomphe du Mal, mais bien de la traduction française du titre d'un Wargame - Triumph of Chaos donc, ToC pour les intimes - sur un sujet à la fois riche et original, la Guerre Civile russe.

En effet, les Russes, non content d'avoir payé au prix fort l'impôt du sang durant la 1ère Guerre, ont continué à s'entretuer lors de la Guerre Civile qui a déchiré le pays de 1918 à 1921.

Blancs contre Rouges, Bolcheviques contre Menchéviques, en résumé, Communistes léninistes contre tous les autres... Car si une guerre fut complexe, il s'agit bien de celle là ! Et cette complexité est fort bien retranscrite (trop même !?!) dans ToC.

Mais commencons par le commencement...

Vous avez peut-être lu l'article du jeu Paths of Glory ? Et bien, ToC utilise le même système de jeu, à peu de chose prêt. Au voleur ??? Et bien non. Dans le petit monde du wargame, tout le monde se connait et l'on se prête bien volontiers son système si un autre vous le demande poliment, ce qui fut le cas de David Dockter, qui obtint de Ted Raicer l'autorisation d'utiliser le système de PoG.

Je ne reprendrai donc pas le système de base, tout y est...
Les différences en revanche sont quand même nombreuses.

La phase politique.

A chaque tour, jusqu'en milieu de partie, une phase politique s'ajoute au tour normal. C'est assez compliqué. En résumé, on parie des cartes de sa main pour jouer des cartes politiques bolchéviques, blanches et neutres, qui vont avoir des effets sur les nombreuses factions mineures, et les influencer en faveur d'un camp ou de l'autre. En fait, c'est beaucoup de bruit pour pas grand chose, et ça finit par être assez aléatoire. En revanche, cela ajoute un charme certain et une dimension historique supplémentaire au jeu, même si bien des événements nous sont tout à fait étrangers, voire étranges... Cela va du massacre du Tsar et de sa famille à des choses moins connues comme la "fameuse" commune des travailleurs estoniens ou l'incident de Chelyabinsk (et non, je ne sais pas non plus de quoi il s'agit)...

Les factions

Autre spécificité de ToC, une multitude de factions mineures sont représentées dans le jeu.

Cela va des puissances connues comme la France et les Etat-Unis, représenté entre autre par une armée en Sibérie, à des pays ayant moins pignon sur rue comme l'Ukraine Occidentale, le Turkistan ou la Légion Tchèque. On en compte pas moins de 22, avec pour chaque faction ses forces et ses règles particulières.

Et des règles particulières, dans ce jeu, il y en des tonnes. C'est l'inconvénient quand on veut couvrir un conflit d'une telle complexité en voulant coller le plus possible à l'histoire. Tout y est : la guerre civile finnoise, l'intervention polonaise, l'armée japonaise, j'en passe et des meilleurs.

C'est un peu rebutant la première fois qu'on joue à ToC, mais on s'habitue à force de jongler avec le livret de règle.

Au final, ToC éveille en moi des sentiments contradictoires. D'un côté, le système est lourd et une partie peut être très longue (plus de 10 heures pour la campagne, au moins !). L'équilibre de jeu semble précaire. Fort de l'expèrience (relative) des trois parties que j'ai pu faire, le Blanc semble avoir du mal face aux hordes bolchéviques, mais c'est à confirmer.

De l'autre, j'apprécie justement l'effort de l'auteur visant à mettre le maximum d'historicité dans ToC. Le jeu, une fois pratiqué une ou deux fois, est très jouable et plaisant. Et c'est une façon fabuleuse de découvrir l'histoire russe de cette époque, à la fois terrifiante et fascinante dans sa flamboyance. Je rejouerai à ToC, c'est sûr !

Une dernière remarque : le matériel est somptueux, la carte en particulier est, je trouve, particulièrement réussie, ainsi que les pions. J'ai remarqué plus particulièrement le pion des marins révoltés de Kronstadt, qui est dans le plus pur style du Réalisme révolutionnaire, un hommage à Einsenstein...

Données vitales :

Triumph of Chaos est un wargame édité par la société Clash of Arms Games, en 2005

* 176 pions de grande taille, et 280 pions standards

* 220 cartes

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